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🌹Octobre Rose : passer du symbole à la stratégie

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Chaque année, le mois d’octobre se teinte de rose. Campagnes, événements, partenariats, produits dérivés : la mobilisation est visible, parfois jusqu’à la saturation.Mais au-delà de l’effet d’affichage, Octobre Rose reste un moment clé pour faire avancer la prévention et le dépistage du cancer du sein, premier cancer chez la femme en France.



Comprendre la prévention dans toutes ses dimensions

Le cancer du sein touche une femme sur huit au cours de sa vie. S’il est détecté précocement, les chances de guérison dépassent 90 %.


D’où l’importance d’une approche globale de la prévention, structurée en quatre niveaux complémentaires :

  • Prévention primaire : réduire les facteurs de risque par des habitudes de vie saines (activité physique, alimentation, tabac, alcool, environnement).

  • Prévention secondaire : détecter tôt, avant les symptômes, grâce au dépistage organisé et à la vigilance personnelle.

  • Prévention tertiaire : limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie après le diagnostic.

  • Prévention quaternaire : éviter le surdiagnostic et les traitements excessifs, en favorisant une information claire et des soins proportionnés.

Le dépistage s’inscrit donc dans une stratégie de santé publique plus large, où chaque niveau joue un rôle complémentaire pour protéger la santé des femmes.



Un constat préoccupant : la France en retard

Malgré un dispositif organisé, gratuit et largement médiatisé, la France reste en dessous de la moyenne européenne en matière de participation au dépistage (55 % en moyenne dans les pays de l’OCDE et 80 % au Danemark) et loin de l’objectif national de 70 %.


En 2024-2025, environ 44 à 47% des femmes de 50 à 74 ans participent au dépistage organisé du cancer du sein en France, un taux en baisse continue depuis plusieurs années. Cependant, en ajoutant les femmes se faisant dépister hors du programme organisé, on estime qu'environ 60% des femmes de cette tranche d'âge réalisent malgré tout une mammographie de dépistage sur la période récente.​


Les disparités territoriales restent fortes : selon les départements, les taux de participation varient encore de 16 % à 81 %. On peut noter des taux supérieurs à 50% dans certaines régions (ex : Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté) et inférieurs à 35% en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse ou Île-de-France.


Ces écarts traduisent des inégalités territoriales, sociales et culturelles persistantes dans l’accès à la prévention.



Les freins au dépistage : entre biais cognitifs et obstacles structurels

Les recherches récentes en sciences comportementales montrent que l’information ne suffit pas à déclencher le passage à l’action.Les freins sont à la fois psychologiques, pratiques et sociaux.


1. Des freins comportementaux

  • Biais d’optimisme : la conviction que “cela n’arrive qu’aux autres” conduit à sous-estimer son propre risque.

  • Présentisme : préférence pour le confort immédiat (éviter l’anxiété, ne pas se déplacer) au détriment d’un bénéfice futur.

  • Peur du diagnostic : représentation anxiogène de la maladie et du test.

  • Inertie comportementale : tendance à ne rien changer tant qu’aucune contrainte ne s’impose.

  • Surcharge cognitive : messages complexes, informations techniques, procédures multiples.

2. Des freins structurels

  • Parcours administratif complexe, manque de clarté dans les convocations et la prise de rendez-vous.

  • Fracture numérique : inégalités dans l’accès et l’usage des outils digitaux de santé.

  • Inégalités sociales : les femmes les plus précaires, en situation de handicap ou vivant dans les zones rurales participent moins aux dépistages, alors qu’elles présentent souvent un risque accru.



Les leviers pour agir : du comportement au système

Les leviers identifiés visent à réduire les frictions et simplifier le parcours de prévention.

  1. Informer et rassurer

    • Expliquer le déroulé du dépistage, démystifier la mammographie, clarifier les bénéfices du diagnostic précoce.

    • Utiliser un langage accessible, non culpabilisant et visuellement clair.

  2. Simplifier le parcours

    • Invitations personnalisées, prise de rendez-vous automatisée, rappels SMS ou e-mail.

    • Envoi direct de convocations avec créneau pré-réservé pour limiter les abandons.

  3. Adapter les messages

    • Ajuster la communication selon l’âge, le niveau d’éducation, la langue ou le canal de diffusion.

    • Contextualiser les campagnes dans des moments de vie propices (rentrée, retraite, maternité).

  4. Mobiliser les relais de confiance

    • Médecins traitants, pharmaciens, infirmiers, médecine du travail, associations : ces acteurs de proximité restent essentiels pour relayer la prévention.

  5. Aller vers les publics éloignés

    • Le dispositif Mammobile, déployé en Normandie, illustre cette approche : des unités mobiles de dépistage sillonnent les territoires ruraux pour permettre aux femmes éloignées d’accéder à la mammographie sans se déplacer loin de chez elles.

    • C’est également la philosophie du programme Dépistage, Tous Concernés !, développé par Lucky Link et la MSA, qui vise à outiller les établissements médico-sociaux pour accompagner les personnes en situation de handicap vers le dépistage organisé.



Vers un dépistage personnalisé : une évolution prometteuse

Le dépistage organisé (femmes de 50 à 74 ans, tous les deux ans) a fait ses preuves, mais il atteint aujourd’hui ses limites.


Le projet européen MyPeBS (My Personal Breast Screening) explore une voie nouvelle : un dépistage adapté au niveau de risque individuel. Antécédents familiaux, prédispositions génétiques, habitudes de vie ou facteurs environnementaux sont pris en compte pour ajuster la fréquence et le type d’examens. L’objectif est d’améliorer la pertinence médicale et d’éviter les surdiagnostics.


C’est dans cet esprit que Lucky Link conçoit des parcours de prévention personnalisés, intégrant le dépistage du cancer du sein et d’autres pathologies évitables.Ce travail s’appuie sur une démarche pluridisciplinaire : avec Nicolas Naïditch, sociologue, pour approfondir la prise en compte des déterminants sociaux de santé, et Camille Cohignax, UX designer, pour intégrer les leviers et biais cognitifs qui influencent les comportements de prévention.


L’objectif est de proposer une prévention plus ciblée, plus lisible et plus efficace, fondée sur la compréhension fine des contextes de vie et des motivations individuelles.



Agir au-delà d’octobre

Derrière les indicateurs se trouvent des situations concrètes : des femmes qui n’accèdent pas au dépistage, des professionnels de santé qui manquent de moyens pour mobiliser, des territoires où les actions restent difficiles à déployer. L’enjeu est désormais de mieux articuler les comportements individuels, l’organisation des soins et les dynamiques locales pour renforcer l’efficacité des politiques de prévention.

C’est dans cette approche intégrée qu’Octobre Rose prend tout son sens : faire du dépistage un réflexe de santé publique, soutenu par des dispositifs concrets et adaptés aux réalités du terrain.



Ce que fait Lucky Link

Lucky Link accompagne les acteurs publics et privés de santé dans la conception, l’évaluation et le déploiement de dispositifs de prévention plus efficaces et inclusifs. Notre approche repose sur le partenariat avec les personnes concernées, pour exprimer leurs besoins réels, et avec les acteurs de santé qui portent les solutions, pour identifier les possibles et construire ensemble des dispositifs durables.


Nous aidons à :

  • comprendre les freins et leviers comportementaux des publics cibles ;

  • concevoir des parcours de dépistage accessibles, personnalisés et mesurables ;

  • outiller les professionnels de terrain pour renforcer leur capacité à mobiliser.


Nos actions partagent une même ambition : rendre la prévention plus efficace, plus lisible et plus proche du quotidien des citoyens.



Références


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