top of page
Photo du rédacteurLucky Link

Le Design Thinking appliqué en santé vu par un expert

Dernière mise à jour : 28 mai 2020

[Interview Lucky tv#1]


Rémi Edart est le fondateur de la dthinking academy qu’il a fondé en 2014 aux Pays-Bas avant de venir s’installer en France en 2016. Dans cet entretien, il nous donne son point de vue d'expert sur l'application du Design Thinking au secteur de la santé.


Interview à lire ci-dessous ou à visionner sur la Lucky Tv.



 

Le Design Thinking, une approche centrée sur l'humain



Lucky Link : Qu’est ce que le design thinking ?


Rémi Edart : Le Design Thinking est avant tout une approche centrée sur l'humain, comme le définit Tim Brown. C'est n’est pas une méthode, ce ne sont pas non plus des outils, c’est tout d'abord un état d'esprit. Et tout le reste découle de cette approche où on parle de l'être humain, de ses besoins pour penser à des solutions.


Lucky Link : D'après vous, pourquoi les entreprises doivent-elles appliquer le Design Thinking ?


Rémi Edart : Il est critique que les entreprises utilisent l'état d'esprit Design Thinking parce que celles qui ne feront pas n'existeront plus à court, moyen ou long terme. Cet état d'esprit permet de développer des produits et des services qui correspondent vraiment aux besoins des utilisateurs. Et si, vous répondez à leurs besoins, automatiquement, votre chiffre d'affaires va augmenter plus vite que celui de la concurrence. Cela vous permettra de réinvestir en innovation et en R&D, pour augmenter encore plus la différence entre vos concurrents et vous même.


Lucky Link : Finalement, est-ce gagnant gagnant pour les entreprises et les utilisateurs qui se retrouvent avec des produits qui sont mieux pensés ?


Rémi Edart : Tout à fait. C'est gagnant pour tout le monde, mais ça veut dire que seuls ceux qui vont pouvoir s'adapter très vite, vont évoluer très vite. Seuls ces entreprises là, vont survivre dans les 5 ans voir les 10 ans à venir.



Le Design Thinking, un atout contre la crise sanitaire


Lucky Link : Et cela est d'autant plus vrai avec la crise que l'on vit actuellement ?


Rémi Edart : Ce que l'on voit avec la crise d’aujourd'hui, qui est une crise sanitaire, mais aussi sociale, économique et potentiellement financière. Nous évoluons dans un environnement qui est extrêmement complexe. La compréhension de l'être humain ou de l'utilisateur pour tout ce qui est politique publique ou politique d'entreprise, pour faire face à cette crise, est très importante. Il n'y a pas une solution qui va être bonne pour les 6 mois à venir. Ce sont des solutions qui sont en itération, tout comme en design thinking. On a une solution qui est bonne pour maintenant, mais en fonction des événements, en fonction du contexte, on va faire évoluer ces solutions de manière à coller au plus près de la réalité pour que tout le monde s’en sorte par le haut, du moins le plus possible.


"Le design thinking, c'est aussi une approche qui permet, en impliquant les parties prenantes, de générer ensemble des solutions et qui vont être adoptées facilement par tout le monde"

Lucky Link : Est ce que vous avez vu des acteurs industriels ou publiques utiliser le Design Thinking pour avoir un impact positif dans le cadre de cette épidémie du Covid.


Rémi Edart : Le gouvernement est en consultation permanente avec les partenaires sociaux pour parvenir à trouver quelles sont les politiques publiques qui sont les plus adéquates par secteur. La consultation est quelque chose qui fait partie de l'univers de la politique publique. Il s'agit de trouver l'équilibre entre ce qu'il faut décider de manière urgente et ce qu'il faut faire avec des partenaires sociaux de manière à arriver à des politiques publiques qui sont adoptées par tout le monde. Parce que c’est ça l'enjeu du design thinking aussi. Ce n'est pas seulement de trouver des solutions qui vont être justes par rapport aux besoins. Le design thinking, c'est aussi une approche qui permet, en impliquant les parties prenantes, de générer ensemble des solutions et qui vont être adoptées facilement par tout le monde. Et cela aussi bien dans le monde de l'entreprise que dans le monde politique.


Lucky Link : Coté entreprise, on a beaucoup parlé de Décathlon qui a fait preuve d'agilité incroyable pour innover en temps de crise. Pouvez-vous nous en parler ?


Rémi Edart : Plusieurs entreprises françaises ont su s'adapter à la crise pour y répondre très directement. Je pense effectivement à Décathlon qui est une entreprise en termes d'innovation, centrée sur l'humain. C'est un bon exemple si ce n’est le meilleur en France. Et qui, à la suite de l'initiative en Italie, a travaillé sur leur masque Easybreath pour aider à pallier à un déficit de respirateurs. Il y a aussi l'entreprise Michelin qui s'est associée avec Air Liquide et Peugeot de manière à produire près de 10.000 respirateurs en l'espace de très peu de temps. Il y a beaucoup d'autres entreprises qui ont su s'adapter aux besoins de notre pays en s'équipant de machine à coudre, comme Michelin, justement. Il y a énormément d'entreprises en France qui ont une approche centrée sur l'humain.



L'application du Design Thinking en Santé


Lucky Link : L'application du Design Thinking en santé nous semble essentielle, qu'en pensez-vous ?


Rémi Edart : Le design thinking peut être utilisé pour beaucoup de secteurs différents. Quand la compréhension de l'utilisateur est la clé pour développer des solutions, des produits et services, alors cette méthode s'applique remarquablement bien. Effectivement, quand on regarde le milieu de la santé avec les patients, le staff hospitalier, et bien cet état d’esprit est extrêmement efficace. De fait, General Electric ou Philips, qui sont des acteurs mondiaux dans le domaine de la santé, ne s’y sont pas trompés. Cela fait plus de dix ans qu’ils se sont approprié cette méthode pour optimiser les parcours patients ou les parcours du staff hospitalier. Cela peut être l'une des réponses à la crise des hôpitaux publics en France. Avec les mêmes moyens, il est possible de faire beaucoup plus, en optimisant tous ces parcours là.


"Quand la compréhension de l'utilisateur est la clé pour développer des solutions, des produits et services, alors cette méthode s'applique remarquablement bien."

L'autre enjeu, peut être aussi pour les hôpitaux publics ou le monde de la santé globalement, parce qu'il y a des problèmes de gouvernance et des problèmes d'organisation. C'est là, l'un des des soucis majeurs des hôpitaux publics en France. On peut très bien utiliser le design thinking pour repenser l'organisation et la gouvernance par une série d'ateliers collaboratifs. Reconstruire ensemble une organisation et une gouvernance qui va mieux répondre aux besoins des différentes parties prenantes et en particulier à ceux des patients.


Lucky Link : Qu'en est-il, selon vous de l'utilisation du Design Thinking par les entreprises de santé ?


Rémi Edart : Il y a un intérêt certain des laboratoires pharmaceutiques pour le design thinking. Ils intègrent de plus en plus cette méthode pour mieux penser aux services qu'ils peuvent donner. Donc, oui, c'est un outil qui peut être extrêmement fin, qui est extrêmement puissant pour leur secteur d'activité.


"Je ne vois pas d'approche plus puissante que le design thinking, que le design de service pour améliorer tout ce que l'on fait dans le domaine de la santé."

Lucky Link : Lorsque l'on applique le Design Thinking au monde de la santé, l'approche "user centric" devient "patient centric". C'est cela qui permet, selon nous, l'éclosion de solutions de santé innovantes. Qu'en pensez-vous ?


Rémi Edart : Ce lien que vous faites, chez Lucky Link entre le «patient centric » , l'innovation et la santé est essentiel aujourd’hui. Je ne vois pas de d'approche plus puissante que le design thinking, que le design de service pour améliorer tout ce que l'on fait dans le domaine de la santé. Parce qu'on sent bien que, peut être plus que partout ailleurs, l’utilisateur central, le patient, est essentiel et donc tout ce que l'on peut en faire pour améliorer ce que l'on fait pour eux est aussi essentiel.




Lucky Link : Un petit mot pour finir ?


Rémi Edart : J'invite Lucky Link à continuer à évangéliser le monde de la santé sur les bénéfices du Design Thinking et du design de service. Cela peut vraiment aider à améliorer ce que l'on fait dans le domaine de la santé. Succès à Lucky Link et à très bientôt ! Voir la vidéo de l'interview.


Retrouvez la Dthinking Academy : https://dthinking.academy

[Propos recueillis par Oriane Bismuth, Manon Mondésir, et Roxanne Hosdey]

246 vues0 commentaire

Comments


bottom of page